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Information et connaissance, quelles distinctions ?

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La distinction rapide que j’utilise toujours pour démêler le rapport entre information et connaissance est classique et s’appuie sur l’objectivité/subjectivité. C’est en même temps un schéma qui ne me satisfait qu’à moitié de part les catégories comme de par sa linéarité.

Il y a donc les données, qui sont une objectivation du réel, ensuite l’information qui est ce qui m’intéresse dans cette objectivation du réel et qui est donc de l’information. La connaissance est aussi subjective, c’est cette information quand elle est reliée à mon système de connaissance. En un sens c’est ma représentation d’un ensemble d’information. Enfin le savoir, c’est la mise en écrit, en objet des connaissances particulières agrégées.

Cela ne me satisfait pas car je ne crois pas que les données soient des objets. Elles sont éminemment liées aux sujets qui les produisent.

Pour créer des données, il faut sélectionner une portion du réel qui est toujours arbitraire et correspond au projet d’un acteur. C’est donc subjectif même si cette portion devient un objet d’étude. Le réel est bien mis en objet, même si on peut en douter, mais la donnée qui va en résulter es-elle pour autant un objet ?

Cette sélection se fait pas des méthodes d’enquêtes, d’observations, d’expériences… et s’appuie toujours sur des méthodologies, qui sont elles-même subjectives (car portées par une histoire de la recherche, des  scientifiques et le débat qui a aboutit à cette mise en objet). Ces méthodologies, comme la portion du réel choisi, comme les hypothèses formulées sont portées par des intentions qui si elles peuvent être explicites ne garantissent pas la reconstruction a priori, ni l’oubli, ni la faible qualité d’analyse de celui qui les définit et certainement pas les différents biais qui existent.

La définition des champs, qui est au cœur de la données, est elle-même sujet aux mêmes interrogations. Enfin le design de la données induits également des paramètres subjectifs. Le choix des couleurs dans une représentation graphique est objectivé par convention ou est-ce un choix délibéré de celui qui design.

Faire reporter la réalité de notre action sur les seules données, seraient-elles corrélées est donc à mon sens extrêmement appauvrissant.

[à intégrer - http://www.internetactu.net/2014/07/07/une-societe-de-donnees-nest-pas-une-societe-statistique/]

Ce qui me manque dans ma représentation c’est ce qu’il y a avant la portion du design choisi et mis en objet d’étude.

En fait, dans mes lectures récentes, deux idées viennent d’apparaitre. D’abord la distinction entre chose et objets que je perçois (à lire, car ce n’est pas ce qu’il dit mais c’est ce sur quoi je m’appuie) dans le texte de Marginalia (déjà abordé ici la première partie de cette distinction qu’il opère entre usages et pratiques)  vers l’analyse des pratiques numériques.

Autrement dit : nous ne sommes plus “devant” ni même “au centre” des choses, comme Merleau-Ponty l’avait formulé, tentant de dépasser la dichotomie sujet/objet; nous ne sommes pas non plus “dedans” mais bien “entre” : entre l’eau et la montagne (“paysage” signifie “montagne(s)-eau(x)” en chinois), entre l’horizontal et le vertical, entre la fixité et le mouvant, entre l’instabilité du monde et sa stabilité.

L’un est de l’ordre du sensible et de notre rapport au monde, c’est les choses. Le CNRTL défini le terme de chose comme « ce qui se passe, ce qui arrive dans le temps » et « Ce qui est, ce qui existe; réalité de toute espèce, envisagée indépendamment de la durée« . Je ne rentre pas plus dans le détail. Sur la définition de l’acte et des choses voir également l’article précédent de marginalia.

Quant à l’objet il est une construction humaine, soit tangible (un objet manufacturé) soit intangible, que je ne peux pas tenir (une idée). Les données portent donc toujours sur un objet alors que les choses sont accessibles immédiatement par les sens. Mais les données ne peuvent pas être objective à partir du moment où elles procèdent d’un choix humain.

On est là probablement dans la problématique de l’innovation où on se rend compte qu’innover n’es possible qu’en détruisant les données et les objets construits pour en recréer  d’autres à partir desquels on va travailler. Le réel est toujours sensiblement le même, mais les objets créées et les données construites peuvent changer selon la problématique choisie qui est toujours humaine.

Une autre idée, je la dois à ce texte, Signaux, Informations et conséquences de Jacques Sapir sur lequel je vais m’appuyer et sur l’impossibilité de distinguer information et connaissance puisque tout besoin d’information est d’abord le constat de l’incertitude et de l’ignorance. Un besoin d’information est donc autant un besoin de connaissance identifié.

Voici la définition qu’il donne du couple en introduisant la notion de signal que je trouve plus porteuse que la notion de données.

On propose ici d’appeler information pour un agent (car il n’y a pas d’information en soi), tout renseignement extrait d’un signal (manifestation d’un changement dans notre environnement que nous sommes capables de percevoir) et susceptible de s’agréger aux connaissances existantes de cet agent ou de les modifier, à travers des processus de comparaison, de classification et de confrontation qui peuvent impliquer l’agent seul ou un groupe d’agents

Dans l’idée de signal, il y a la captation d’un changement dans l’environnement, donc toujours la présence du sujet car cette captation est d’abord une attention portée sur les choses et a donc à voir avec les sens, la perception. Un signal est donc alors aussi un construit par la perception du mouvement.

Ensuite, ce signal est information à partir du moment où il passe au seuil de la conscience de l’individu. Le traitement du signal (non informatique) devient le traitement de l’information par l’intérêt porté par le sujet.

Et cette information deviendra connaissance parce qu’il va y avoir un traitement de l’information qui est précisé dans l’extrait. Il n’y a pas de données ici. Il n’y a en fait des données que quand il y a un processus scientifique qui est mis en œuvre et qui va au delà de la simple perception.

Dans cette définition, l’auteur précise :

L’information est donc, avant tout, la combinaison d’un signal et des conditions matérielles et psychologiques de sa réception et de son traitement .

C’est donc bien le contexte de l’individu et la situation dans laquelle il se trouve qui va commander la production de l’information et c’est ses intentions qui vont commander la connaissance ? L’environnement dans lequel on se trouve est donc au moins aussi important que la perception du signal.

Pourrait-il ne pas y avoir de perception, c’est à dire l’absence de reconnaissance par les sens, du signal ?  Après tout les sens sont aussi l’objet d’un apprentissage.

Le lien entre le signal et le mouvement qui lui a donné naissance doit alors être reconstruit, et ne peut l’être qu’à partir de savoirs déjà existants, qui sont alors validés ou invalidés…

…soutenir que nos perceptions immédiates de la réalité, y compris de la réalité naturelle, sont toutes entachées de subjectivité; elles sont des produits de nos systèmes de représentation.

J’ai toujours en mémoire « la couleur tombée du ciel » de Lovecraft ou les sens ne peuvent identifier le danger que par une comparaison inefficace ?

A lire, car ils sont très riches ces textes Signaux, Informations et conséquences et la série sur les suages et les pratiques de marginalia qui commence par la tradition française.

Ce texte qui précède est en work in progress.


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